A.S.B.G. : « Et alors ? Nous,
on est champions du monde de Hand ! »
Deuxième match de préparation avant la reprise. Après la balade sur Metz, après une annulation de dernière minute en provenance de Holving, v’la qu’il faut passer la frontière. Face au S.V. Emmersweiler, évoluant à un niveau qu’on pourrait ici assimiler à un combo entre la 1ère division de District et la P.H.R., les hommes de Matthieu Ultsch ne furent nullement ridicules et concédèrent une défaite en toute fin de rencontre (4-3).
« Matt’, sors-moi ou je t’assure que je vais ch*** sur le terrain ! »
En District, il y a parfois des perles qui te font oublier le reste. Tout le reste. T’entends de ces choses et, ensuite, on te demande de faire un résumé, froid car factuel, d’une rencontre, alors que toi, quelques mots ne cessent de te trotter dans la tête…et te gravent immanquablement un sourire sur les lèvres. Un sourire que tu n’avais pas forcément avant la rencontre à constater l’état du schiste de nos adversaires du jour. Si l’une des parties du terrain est parfaitement praticable, l’autre, ressemble, en de nombreux endroits, à un mélange de neige, de flaques d’eau, une mélasse faite de sable que les gants du gardien sauront pleinement apprécier dès l’échauffement, ceux-ci devenant rien de moins qu’une savonnette. Tandis que Momo s’habille à 13h55, se déshabille à 14h07, se rhabille à 14h20 puis finit par prendre place sur le banc à 14h29, les visiteurs se font surprendre d’entrée. Bousculés dès le coup d’envoi, attentistes dans l’attaque du porteur, ils permettent à l’un des Blancs de tenter une frappe croisée à l’entrée de la surface. Dans une forêt de corps, le ballon passe entre les jambes d’un défenseur et termine au ras du poteau d’un gardien déjà transformé en éponge à merde (1-0). D’autant que cinq minutes plus tard, prenant le meilleur sur son cerbère et son joli bonnet rouge, l’un des locaux s’en va guerroyer avec Bob l’Eponge, mais ce dernier, au prix d’une parage Omeyerienne, détourne du pied en corner. Il faut deux joueurs au grand cœur pour le relever, lui qui, telle une tortue sur le dos, était alors empêtré dans cette foutue marre qui lui servait de six mètres. L’A.S.B.G., pourtant, est tout sauf ridicule. Souvent propre dans ses transmissions, elle va se créer une énorme occasion par l’intermédiaire de l’un des anciens du S.V. Emmersweiler, mais Yann Gourcuff voit le poteau briser son élan. Durant cette première période, on notera souvent les Bleus combiner non sans efficacité mais, malheureusement, à l’approche des 18m, tantôt la dernière passe fait défaut, tantôt le porteur du ballon oublie tout simplement de tenter sa chance. Des Bleus qui auraient pu égaliser sur un corner mal renvoyé et cette reprise de volée de Sandro, autre ancien (parce que crevard, parce que payé, parce que voilà, on ne sera pas surpris) du coin, mais qui est trop enlevée. En face, les joueurs du S.V. Emmersweiler vont se créer deux occasions, d’abord sur une frappe à l’entrée de la surface boxée par le gardien puis, surtout, sur un centre côté droit pour la tête du n°9 qui, bien que seul, croise trop sa reprise. Avant la pause, les Bleus auront néanmoins l’occasion de revenir au score : sur un coup-franc excentré de Michel qui ne trouve pas le cadre, puis sur une balle donnée par Mohamed à Yann qui, là non plus, ne peut régler la mire. Surtout, les dernières minutes de la première mi-temps seront marquées par cette phrase aussi hallucinante que franchement rafraîchissante. On taire le nom de son auteur, précisant simplement qu’il évolue au poste d’arrière droit. Courant vers le banc de touche, il lancera un vibrant : « Matt, sors-moi ou je t’assure que je vais ch*** sur le terrain!« . N’attendant pas que son entraîneur valide cette sortie, il expliquera plus tard que ses problèmes de transit venaient d’un bourbon ingurgité la veille au soir.
Changement de rythme
Les premiers instants de la reprise préfigurent le reste de la rencontre. Sans attendre, et profitant d’une surface de jeu désormais propice à mieux construire leurs offensives, les locaux sèment un vent de panique quand, côté gauche, au prix d’un ballon dans le dos, l’un des Blancs bute sur le gardien sorti les genoux en avant. Ils doubleront cependant la mise sur un ballon dégagé trop axialement par le gardien, qui se termine quelques instants plus tard, et non sans un certain attentisme général, par une lourde frappe du gauche dans la lucarne (2-0). Heureusement, nouvellement entré, Mike s’en va alors trouver Michel qui, totalement esseulé, vient mystifier le gardien de près (2-1). Dans une rencontre désormais totalement débridée, les allemands (bien que l’effectif n’en comporte semble-t-il aucun) vont trouver une nouvelle fois la faille. Sur une faute non sifflée, les Bleus arrêtent de jouer, râlent, et dans la confusion, la frappe croisée de l’un des Blancs termine, comme en première mi-temps, entre les jambes d’un défenseur pour mourir à ras du poteau (3-1). Façon ping-pong, les Bleus répondent, et Cédric, côté gauche, trouve Mikaël. Enchaînant contrôle du pied droit à hauteur de gorge puis frappe du gauche, Peter Crouch redonne de l’air aux siens (3-2), imité peu de temps après par Yann, servi par Sandro (mais l’on dira que Mike dévie la chique), qui, dans la stupeur générale, réussi à trouver le chemin des filets (3-3). A cet instant de la rencontre, l’A.S.B.G. est à deux doigts de prendre l’avantage : d’abord quand Mikaël passe le gardien mais n’arrive pas à trouver autre chose que le petit filet, puis sur une balle donnée à Yann dans les six mètres. La neige qui maculait ce coin de la surface aurait, dit la légende, empêché l’italien de donner l’avantage aux siens (il parlera même d’un « iceberg« ). Quelques mètres plus loin, son frère brandit sa main en plastique en guise de solidarité familiale. Ayant senti la mort passée près, les Blancs rendent coup pour coup mais trouvent le gardien adverse, dans un style parfois peu académique, sur leur chemin. Finalement, sur un centre côté droit, leur petit lutin déjouera tous les plans en venant couper la trajectoire d’une imparable tête croisée (4-3). L’arrière droit dont nous parlions précédemment, sûrement encore en proie à quelques difficultés stomacales, avait préféré, plutôt que de repousser de la tête ledit centre, exécuter un magnifique high-kick qui mettait le buteur à terre, K.O. Si Momo, aux 8m plein axe, tentera une jolie frappe du gauche mourant dans les gants du gardien, et que le S.V. Emmersweiler butait une dernière fois sur le gardien, les locaux tenaient leur victoire. Une victoire qui n’altérera pas la satisfaction de l’entraîneur adverse, conscient des efforts fournis par les siens malgré certaines largesses observées côté marquage. Et puis, si « les allemands » remportèrent cette rencontre amicale, certains, quelques heures plus tard, n’hésiteront pas à rappeler que : « Et alors? Nous, on est champions du monde de Hand, tiens! ». C’est vrai que ça fait du bien.
By Maître Renard