L’A.G. leur la grappe !
Comme toute association normalement constituée, l’A.S.B. a tenu son assemblée générale annuelle le samedi 6 juin dernier au gymnase de Betting. A l’ordre du jour, plusieurs points dont les bilans sportifs et financiers, le montant des cotisations (reconduit à 40€ pour les joueurs, 15€ pour les dirigeants et 20€ pour les jeunes), le récent jumelage des équipes de jeunes avec la S.S.S.H., les arbitres (au nombre de deux) pour la saison à venir ainsi que le renouvellement du comité. Pour ce dernier point, compte tenu de démissions à certains postes, nécessité s’était faite jour de les pourvoyer.
A ce petit jeu, les heureux lauréats sont…
Un homme s’avance, beau gars, 1,87m à vue de truffe, la trentaine largement dépassée, si tu penses que Pierre C. a la gueule du gendre idéal, là, c’est le modèle au-dessus façon berline de luxe. Pour preuve, les poules commencent à se trémousser au premier rang comme à Thanksgiving, quand elles savent que quoi qu’elles fassent, elles finiront à la casserole. Entre deux caquètements, elles conversent littérature féminine (« la série des Beautifuuuuuul, c’est whaouh, c’est…c’est trop…enfin tu vois quoi ! »).
Le lover sur le retour déplie lentement une lettre, ne ménageant pas le suspense.
– Dans la catégorie « traçage du terrain, truelle et agglo de 30 », les nominés sont :
- Bastien, le seul type qui, à une soirée, ne vient pas avec une bouteille ou des chocolats mais avec un melon. Un rapport avec son dernier doublé ? Non, juste parce que c’est gratos.
- Sandro, qui pour l’occasion avait troqué son bleu de travail pour un complet sport avec un haut vert (sans doute en coton) type « bonbon Valda » et une sorte de bas de jogging cintré gris clair acheté au marché à Far et, surtout, qui mettait clairement en évidence son « boule », celui-là même qui l’a rendu célèbre dans toute l’Afrique noire.
- Mohamed, le seul marocain qui ramène du bled, non un faux maillot d’Arsenal, du Milan ou du Barça, mais de l’équipe de France. En même temps, un coq avec une barbe, c’est un peu flag’ quand même.
– Et le vainqueur est (tous se signent, Bastien embrasse un kiwi, Sandro son pendentif en forme de pioche et Mohamed son petit bonhomme de 2 ans qui, à ce moment précis, se demande ce qu’il fout là au milieu de ces timbrés)…Sandro !
C’est alors que Linda de Souza se lève, distribue quelques papouilles, balaie de sa main sanglots et sécrétions nasales, tout en consolant les deux déçus histoire de se montrer que malgré cette consécration, il restera toujours le même. Le maitre de séance, après avoir balancé un clin d’œil au premier rang qui s’apparente à présent à une grosse flaque, lui remet la brouette d’or sous les applaudissements nourris de la foule. Dans son coin, Mohamed l’a mauvaise. Derrière ses lunettes teintées (chez le même vendeur que le bas de Sandro, donc avec une protection oculaire nulle ou quasi nulle), il s’imagine déjà sur une jeep à chasser du Portos. Bastien, lui, ne s’imagine rien du tout puisqu’il entame sa 3e pastèque. Heureusement, tout risque de tensions ethniques au sein du vestiaire bettingeois sera évité de justesse quand, quelques minutes plus tard, Mohamed se verra décerner le titre de « responsable vestiaires et tajine à l’agneau parfumé au ras el hanout ».
Une omission dont vous vous doutez du caractère volontaire : au sein du comité, le reste des places dîtes « nobles » (présidence, vice-présidence, secrétariat et autre trésorerie) a été réservée à l’A.S.B. « d’en haut », une A.S.B. que l’on dira plus…villageoise. Ainsi, on dira que le haut ne bouge pas, que Marie-Reine rempile en tant que responsable des achats, que Mikaël, planteur de graine, devient « responsable maillots, ketchup et sauce blanche », que Jérémy est notre nouveau réviseur aux comptes (en Suisse) et que Christopher, enfin, est désormais identifié officiellement en tant que référent arbitre et homme à tout faire durant les animations estivales.
En points divers, le Président Thébault évoqua, entre autre, l’épineuse problématique du coaching, Laurent Bourg, pour des raisons professionnelles, ne pouvant plus conserver les rênes de l’équipe A. Le bavarois s’échina à rassurer les joueurs (surtout Mohamed et Sandro, sans doute dans le viseur d’une 4e div’ du coin de Bitche) : « le comité œuvre pour rapidement trouver cet entraîneur », étant précisé que Laurent Bourg ne reprendra pas ses gaules (message subliminal à Tipi) car il emeura dans l’environnement proche du banc de touche.
L’A.G. proprement dite s’étant achevée à 20h00, dès la levée de séance, trois groupes se formèrent :
- le groupe des adultes attablés et discutant de choses sérieuses afférentes à l’avenir du club ;
- le groupe des footix, déjà affalés sur les bancs installés à l’intérieur du gymnase et attendant avec impatience le coup d’envoi de Barcelone-Juve ;
- le groupe des « open », rassemblés autour du barbecue. On dira qu’il y avait des merguez, des blanches mais aussi de la dinde. On dira également que l’on ne verra plus jamais ni le monde de l’enseignement, ni le corps médical de la même façon. Par contre, on taira un dessin assez particulier, œuvre d’un binôme en fleur qui se reconnaîtra aisément. Comme les blagues les plus courtes sont les meilleures et qu’après tout, on a bien le droit de glousser, on ne leur répètera jamais assez : « l’AG leur la grappe ! ».
Pendant ce temps, Mohamed essaya de se rappeler du nom de l’école de son fils :
– Mais c’est là….à Far…euh…c’est celle près du terrain de foot…tu sais, t’as deux blocs, au milieu, t’as des vaches et…
– D’accord, mais le nom de l’école, c’est quoi ?
– Mais j’te dis ! Zarma ! Tu vois, t’as le terrain de foot qui est là, là t’as un bloc, un second, t’as des moutons, des nains de jardins et un vendeur de fausses ray-ban. Ben c’est là.
Quand, au bout de 4 minutes de jeu, Rakitic ouvre le score pour les catalans, les échanges grivois du dehors sont perturbés par un cri venant de la salle. Au premier rang, on trouve notamment Bastien et son kilo de fruits sans oublier Sandro qui attaque sa 3e saucisse. Sandro qui, rappelons-le est le « slinky » officiel de l’A.S. Betting après avoir détrôné magistralement Cédric S.
Pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu’est un slinky, Google sera votre ami.
Sur un terrain, le maçon du cœur est comme ce ressort quand tu le mets en haut d’un escalier avant qu’il ne dévale à toute blinde.
Car oui, c’est quand même le seul joueur qui, alors qu’il se prend un coup d’épaule près d’un poteau de corner, est capable de rouler jusqu’à celui qui lui est diamétralement opposé.
– C’est encore meilleur quand c’est gratuit, hein ?
Les italiens revenus au score, c’est au second but espagnol que les choses déraperont vraiment au sein du P.A.T. (le groupuscule Portuguo-algéro-turc) et l’on entendra l’un d’entre eux proclamer « Vive le Quatar ! », avant que son voisin ne lui balance un rappel historique comme on jette une boulette de köfte dans une assiette :
– Non mais ton fait d’arme à Betting, c’est quand même quand tu t’es claqué à Porcelette au bout de 5 mn ! J’avais jamais entendu un cri comme ça !
Tout en bouffant sa 8e saucisse, et alors qu’il reste 10 minutes de jeu, big portuguech ass tentera une perfide attaque envers le narrateur.
– Purée, on dirait qu’ils sont en train de jouer comme en 97. C’était ton époque, non ? Ah ah ah lol XD pdttrrrrrrr.
Comme la meilleure réponse fut le silence, ceci perturba la valise en carton :
– Ah là, je sens qu’il prépare ses punchlines ; ça va faire mal…
Et celui qui, durant sa première saison à l’A.S.B., enchaîna les coups du sort (double fracture tibia-péroné à laquelle vinrent s’ajouter 4 entorses de la chevilles, 2 pubalgies, 1 ligament croisé et une élongation de la langue), ne savait pas, à cet instant précis, à quel point il visait juste.
By Maître Renard