Une victoire automnale
On vous dira qu’un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne. On vous dira que des matchs « comme ça » (sous-entendu, à passer au travers pendant au moins une mi-temps), il faut savoir les remporter. Dont acte. Par mimétisme avec dame météo, l’équipe A de l’A.S.B., malgré une prestation grise et venteuse, a su aller à l’essentiel : la victoire (1-0).
– Vous savez quoi ? A ce rythme, aujourd’hui, c’est zéro point. Et le titre, vous pouvez mettre une croix dessus.
Pas content le Lolo. Pas content du tout. Ce match pue le traquenard, la sortie de route. Dans les vestiaires, 90% des têtes ont le menton qui colle au maillot. C’est qu’il les savonne le coach. Il leur parle d’engagement, d’envie, de ces consignes mainte fois vues à l’entraînement. Il leur parle de cette mi-temps de vide. Il en appelle à une réaction immédiate.
– Sur tous les combats, ils sont avant vous ! Je ne parlerai même pas de notre jeu aérien, car ça fait 1 an et demi qu’on rame, on le sait. Mais les contrôles, les passes, l’attaque du ballon, le jeu en mouvement…de tout cela, à part quoi ? 5 minutes ? 10 minutes ? Je n’ai strictement rien vu !
Dur. Faut dire que ces 45 premières minutes, si elles n’ont pas été une purge, ont été très largement insuffisantes. Entre deux « je te troue, tu me troues par la barbichette », festival de mauvais contrôles et autres passes dans le zag, il y eut bien quelques spasmes de vie côté bettingeois : un coup-franc sans danger de Loïc, un autre de Jérémy dans le mur, un Alex qui la joue trop altruiste dans la surface, une frappe croisée de Bastien qui ne passe pas loin, ou encore un exploit perso’ de Josian qui, de la droite, repique plein axe, mais ne trouve pas le cadre pour autant. Surtout, il y a un beau mouvement Josian-Alex-Josian, mais ce dernier bute sur le gardien avant que le premier, trouvé au second poteau, ne voit le gardien remporter son (premier) face-à-face en mode gardien de hand (36e minute). Côté Macheren, sans être grandioses, loin de là, les Bleus ont une vertu : l’engagement. Durant ce premier acte, près de 80% des ballons aériens sont récupérés par les visiteurs et la proportion de duels gagnés ne doit pas être si éloignée…Comme autant de révélateurs d’une sale période. Un sale match qui aurait même pu tourner carrément au casse-gueule par deux fois. D’abord sur un ballon dans le dos de la défense, mais fort heureusement, le n°11, à trop tergiverser, voit sa frappe contrée au dernier moment. Puis sur un deux contre un où le 9, seul face à Joe l’Indien, grippé comme un vélo dans la forêt de Senonnes, décide de la jouer à la Terminator plutôt qu’en finesse. Sa minasse passe au-dessus.
Retour dans les vestiaires.
– Maintenant, on arrête de les regarder jouer et on se remet dans le match. Ok ?
Le silence qui règne vaut acquiescement. Pas le moment de rouler des mécaniques. La tarte pourrait partir à la Mamie Nova.
Matthieu, coach adjoint, casse le silence qui règne suite à l’implacable plaidoirie du boss.
– Jouez simples. Ne vous compliquez pas la vie.
Sont-ce les Oranges qui se sortent les doigts de là où l’on pense ou les Bleus qui sont restés aux vestiaires (à entendre le coach de Macheren donner de la voix, la 2e hypothèse ne semble au moins pas à écarter), mais en tout cas, l’entame de la seconde période est d’un autre acabit. On n’en est pas encore à faire la chenille, mais les morts sont sortis de terre. C’est Thriller à Guenviller.
Comme en début de rencontre, Loïc ouvre le bal d’une frappe non cadrée. Deux minutes plus tard, on pense à l’ouverture du score quand Thomas centre dans la surface pour Alex, mais c’est sans compter le gardien visiteur qui s’interpose dans les pieds de l’attaquant. Macheren est ailleurs. Les corps sont là, ils se meuvent dans l’espace, mais leur vitalité du premier round apparaît clairement essoufflée. Dans un temps (clairement) faible, les Bleus vont pourtant se créer une grosse occasion suite à un festival du n°7 qui glisse habilement au n°13 (on se croirait au tiercé) dont le centre-tir lèche le poteau droit de Tipi. Dans la foulée, un centre, toujours du n°13, trouve la tête du n°9 sans pour autant trouver la niche dudit gardien bettingeois.
Tout le contraire de Cédric qui, profitant d’une botte de Jérémy qui transperce la défense de Macheren, s’en va fusiller le gardien d’une frappe limpide du gauche (1-0). Celle-là, c’est fait. Par contre, comment expliquer qu’un centre anodin des Bleus puisse se muer en occasion quasi inratable quand…pas moins de 4 bleus sont seuls dans la surface ? Heureusement, aucun d’entre eux, même en se jetant avec l’énergie du désespoir, n’arrive à toucher le cuir. Scène assez surréaliste. Sans frais pour les Oranges qui serrent une nouvelle fois le postérieur quand, joueurs et banc de touche visiteurs, crient à la main dans la surface. L’arbitre ne bronche pas. Et Alex d’avoir une ultime occasion de mettre ses copains à l’abri. Pas plus en réussite qu’en première période, l’attaquant, visiblement à fleur de peau en cette fin de match, manque son duel avec le portier. Rien de dramatique d’autant que 3 minutes plus tard, l’arbitre sonne le glas des dernières velléités des visiteurs. Un coup de sifflet qui valide une précieuse victoire pour l’A.S.B. Trois points acquis dans une douleur qui ferait passer une torsion du genou pour un simple mal de crâne.
Pour cette fois, ça passe.