Jonathan Tabbone :
« Cette saison, c’est la nôtre »
M.R. : Jonathan, l’histoire, on l’a fait débuter quand ?
J.T. : A l’âge de 5 ans, du côté du Fc Hochwald, quartier dont je suis originaire. J’y ai évolué jusqu’à mes 20 ans. Je me souviens qu’en moins de 18 ans, on jouait avec la même équipe depuis nos débuts à tous en débutant. Franchement, ça déroulait et on est montés jusqu’en Honneur et on a été à deux doigts d’atteindre l’Honneur Elite.
M.R. : Et ?
J.T. : Et le Président a décidé d’arrêter au beau milieu de la saison car il voulait développer ses équipes seniors. Comme il en avait déjà 2, il en a créé une 3e. Du coup, on s’est tous trouvés en 4e division de district et ça a cassé l’équipe. Tout le monde est parti à gauche et à droite.
M.R. : Toi aussi t’as pris tes valises ?
J.T. : Non, pas au début. C’était une nouvelle expérience qui s’offrait à moi, mais lors d’un match de 4e division de district a Woustviller, j’ai eu une grave blessure qui m’a fait arrêter un an. Ensuite, je suis effectivement allé en Allemagne à Emmersweiller dans le but de retrouver un niveau convenable. La division, franchement, je ne pourrais même plus te dire…Par contre, je me souviens qu’on n’avait même pas de juge de touche ! Bon, c’était quand même costaud car dans le groupe, on avait 18 équipes et, pour faire un comparatif avec la France, il me semble que ça allait de la 2e div’ à la PHR.
M.R. : Comment t’as débarqué là-bas ?
J.T. : J’y avais des connaissances et puis j’allais souvent les voir.
M.R. : Donc tu sprech deutsch parfaitement…
J.T. : Ja, ein bisschen. En même temps, je m’en sortais facilement parce qu’on avait pratiquement que des français à commencer par l’entraîneur, Pascal Stauffer, qui avait coaché l’équipe première de Hochwald.
M.R. : Parlons positionnement. Je ne t’ai connu que milieu axial. C’est dans ton ADN ?
J.T. : En fait, à la base, j’étais milieu droit et je suis passé dans l’axe à partir des – 15 ans. J’ai alors fait deux saisons en 6 puis j’ai ensuite évolué en 10.
M.R. : Repartons Outre-Rhin. Combien de temps passes-tu dans la patrie de Goethe ?
J.T. : A vrai dire, à peine une saison.
M.R. : Un passage très bref. Un peu logique vu que toi, t’es plus Panzani que Das Auto, non ?
J.T. : Oui, j’ai des origines italiennes du côté de mon père et plus précisément mes grands-parents.
M.R. : Quel coin ?
J.T. : Tout en bas de la botte, dans la région des Pouilles ainsi qu’en Sicile.
M.R. : Une saison en Allemagne et tu go back home…
J.T. : En fait, même durant la saison en Allemagne, j’avais déjà prévu d’intégrer l’A.S. Betting. Je n’ai jamais quitté un club en cours de saison donc j’avais décidé de la terminer proprement.
M.R. : Tu intègres l’A.S. Betting dès sa création ?
J.T. : Non, juste un an après, en 2011.
M.R. : T’as vu de la lumière et t’es rentré ?
J.T. : Non, ça s’est fait par le biais de ma meilleure amie Laura et de Jérémy qui jouait sous les couleurs bettingeoises. De fil en aiguille, je me suis rapproché du groupe. On passait de bonnes soirées et comme j’avais pu voir qu’il y avait dans ce club un bon état d’esprit, une grande famille déjà en place, j’ai voulu en faire partie.
M.R. : Et côté joueurs ?
J.T. : Je connaissais Mikaël depuis tout petit. On avait joué ensemble à Hochwald. Après, j’avais envie de me poser parce que j’avais connu pas mal de blessures, notamment à la cheville.
M.R. : Mais dis-moi doudou dis-donc, tu serais pas un joueur qu’on qualifierait de sanguin ?
J.T. : Oui et non. Je suis un peu comme toi.
M.R. : ….
J.T. : Sanguin, sanguin…parfois, j’ai aussi mes raisons. C’est vrai, j’ai surtout été une grande gueule par moments et ça, tout le monde pourra le confirmer. Maintenant, je me suis beaucoup calmé, notamment parce que je voyais que ça jouait sur l’ambiance du groupe. J’ai fait un vrai travail sur moi. Après, tu sais, en grandissant, on prend aussi du plomb dans la tête. Et suite à une saison qui m’a valu 5 biscottes et j’ai failli me prendre un vrai plomb dans la tête par le Président, alors ça m’a aussi bien calmé (rires).
M.R. : OK, mais Brassens chantait aussi que le temps ne change rien à l’affaire et quand on est con, on est con…
J.T. : T’as aussi des mecs comme toi qui nous font aussi grandir. Je sais que là, tu vas dire que je fais de la lèche…
M.R. : Je ne pipe mot…
J.T. : Tu sais de quoi je parle. Tu m’avais déjà bien sorti la tête de l’eau quand j’étais au plus bas et t’as toujours su trouver les mots justes pour nous aider à repartir sur de bons rails.
M.R. : Revenons à la traditionnelle question des points forts et des points faibles…Côté points forts, on pourrait vanter tes qualités de battant…
J.T. : Sur un terrain, je suis plus un Pirlo qu’un Gattuso, dans le côté posé. Maintenant, il peut en effet m’arriver de sortir de mes gonds. Un mélange des deux à vrai dire.
M.R. : Qu’est-ce qui t’énerves ?
J.T. : Des classiques…des erreurs d’arbitrage ou des joueurs qui l’ouvrent un peu trop.
M.R. : T’as 26 ans, t’es jeune…Des choses que tu voudrais améliorer plus particulièrement ?
J.T. : Je dirai la vitesse et la propreté dans l’enchaînement des gestes. Avoir plus de justesse.
M.R. : Sinon, il me semble que t’aimes bien tenter ta chance de loin, je me trompe ?
J.T. : Oui, mais je n’ai jamais été un buteur pour autant. Mon job, ça n’a jamais été de marquer.
M.R. : Tu sais, là, je suis obligé de parler d’un truc qui fâche…les pénaltys…
J.T. : Ah. Bon, quand je jouais à Hochwald, j’ai longtemps été capitaine, au moins 4 ans. Forcément, quand il fallait y aller parce que le moment l’imposait, je prenais mes responsabilités. Franchement, je n’ai jamais raté un pénalty. Je me souviens d’un quart de finale de coupe de Moselle en – 15 ans. C’était à Metz et on perdait 2-1 dans les arrêts de jeu. A ce moment-là, on obtient un pénalty que je transforme. Cela nous a permis d’aller aux tirs aux buts.
M.R. : Cela se termine comment ?
J.T. : Happy end. Je me voulais souffler, laisser les autres y aller mais j’ai finalement tiré en 5e position.
Le 5e tireur de l’équipe adverse rate le sien tandis que je réussi le mien. C‘était magique.
M.R. : Et ensuite, le drame ?
J.T. : En fait, la série noire n’a pas commencé à Betting. C’était en seniors à Hochwald lors d’un match à Behren. Je foire un pénalty et on est éliminés d’une coupe. A Betting, j’en ai raté deux. Ils ont chaque fois été stoppés par le gardien, mais bon…il faut dire qu’ils étaient super mal tirés. J’ai perdu un peu de confiance de ce côté. D’un autre côté, je me dis aussi qu’ici, il y a de meilleurs tireurs que moi, mais ce n’est pas une fin en soi. Je sais que je reprendrai le dessus.
M.R. : Cela fait 2-3 saisons qu’on rate la montée de peu en 2e division. On avait pourtant, sur le terrain, réussi à le faire en 2012-2013. Tu crois que cette saison, c’est enfin la bonne ?
J.T. : Tu parles de cette fameuse saison 2012-2013…dans les têtes, ça a fait mal à pas mal de joueurs mais ces points gagnés ne l’ont pas été pour rien. On avait une équipe en place qui avait la hargne, avec des jeunes qui allaient vraiment au charbon. C’était des gars pas particulièrement techniques (il me regarde dans les yeux histoire de me faire passer un message) mais l’esprit d’équipe faisait tout. Cela reste une saison référence tout comme la 1ère de l’histoire du club .
M.R. : Je sais…c’était ma première saison pleine et on se souvient d’un match dans les bois où l’on était arrivés à 11 avec les trois-quarts dans un état proche de l’Ohio…
J.T. : Il y avait vraiment quelque chose de particulier.
M.R. : Et au moment où on se parle, comment tu vois l’avenir à court terme ?
J.T. : D’abord, je voudrais souligner l’énorme travail réalisé par le coach barbu, qui est sur la lancée de ce qu’a construit Laurent Bourg, un type qui a fait énormément pour le club. Je tiens d’ailleurs à en profiter pour le remercier car je n’ai jamais eu trop l’occasion de le faire. Matt’ continue ce travail en soignant certaines choses comme l’importance accordée au présentéisme aux entrainements. Il a su remettre de l’ordre et resserrer les boulons. Derrière ça, t’as une vraie transformation, car on voit que les joueurs se donnent à fond.
M.R. : Cette année, c’est donc la bonne ?
J.T. : Cette année, c’est la nôtre. L’année dernière, il y a eu des tensions dans le groupe, des ratés, des matchs clefs où l’on est complètement passés à côté. Aujourd’hui, on est plus que bien lancés et l’ambiance dans le vestiaire est celle que j’ai trouvée quand je suis arrivé.
M.R. : Tu suis les résultats de la B ? Un avis sur leur saison mi-figue mi-raisin ?
J.T. : Bien-sûr que je la suis. Sur le papier, il y a vraiment une belle équipe avec des jeunes qui ont aussi cette rage quand ils montent sur un terrain de foot. Du coup, je suis déçu et même malheureux pour eux parce qu’ils méritent mieux. Ils ont laissé passer des points dans des matchs où ils ne méritaient pas de perdre.
M.R. : T’as un conseil à leur donner ?
J.T. : Qu’ils continuent de travailler, qu’ils restent un groupe soudé. Il faut se rappeler que cette équipe a été mise en place il y a deux ans et il y a énormément de nouvelles têtes. C’est vraiment la première saison où l’on retrouve un groupe aussi costaud en équipe B. Je reste confiant sur l’avenir. Matt’ l’a bien souligné en disant que n’importe quel gars de la B peut prétendre à jouer en A.
M.R. : Confiant donc…
J.T. : Totalement. Je sais que ça va percer tôt ou tard, d’autant qu’à côté d’eux, ces jeunes savent qu’ils ont des cadres pour les modeler et les faire avancer plus vite.
M.R. : Jonathan, un dernier truc avant qu’on se quitte ?
J.T. : Je voudrais saluer le travail de Jean, notre Président, et plus généralement de tout le comité, sans oublier celles et ceux qui nous suivent et nous encouragent au quotidien. Un clin d’œil aussi aux équipes de jeunes et aux parents qui les accompagnent, ainsi qu’au travail fourni par René Beck et Michael Magnani.
By Maître Renard