[Faites entrer l’adversaire]
Marc Guyot, l’interview barbecue
Une nouveauté au pays de l’A.S.B.G. Entre les compte- rendus de rencontre, les interviews de joueurs, une dose de fantaisie. Et pourquoi ne pas prendre, entre quatre yeux, un adversaire fraîchement rencontré pour lui demander son avis doudou dis-donc ? Entre les senteurs de merguez et les morceaux de lard en train de cramer, échange avec un vieux de la vieille qui a posé son sac du côté de Hellimer.
M.R. : Marc, on va faire comme sous Caramail : A.S.V. Attends, on me dit dans l’oreillette que Caramail n’existe plus. Bon, faisons simple : je crois que t’as 53 ans, je me trompe ?
M.G. : J’ai 34 ans et demi…35 en septembre. Marié deux enfants.
M.R. : J’avais tenté de te débaucher pour notre équipe E. Mais ça…c’était avant…avant que tu ne poses ta pâte à pain à Hellimer…
M.G. : Ouais. Avant ça, j’avais joué de 8 à 10 saisons, je ne me souviens plus très bien, au Bischwald, puis j’avais rejoint Guerting durant 4 ans.
M.R. : Pourquoi Hellimer ?
M.G. : Pour la proximité déjà.
M.G. : Je vois bien. En fait, de Petit-Tenquin au terrain, t’as que ce chemin de campagne où, soit dit en passant, j’ai failli me faire valser par un tracteur en arrivant chez toi, une sorte de Monster Truck taillé pour les champs.
M.G. : Il n’y a pas que ça. Il y a aussi et surtout l’ambiance découverte. J’avais inscrit le plus grand de mes fils au sein du club la saison dernière, et j’ai eu l’occasion, en me mêlant progressivement aux manifestations organisées, de rencontrer l’encadrement ainsi que les joueurs seniors. Et ça a collé tout de suite.
M.R. : Un retour sur ta dernière saison à Guerting ?
M.G. : J’étais capitaine de la B et, au final, nous sommes malheureusement descendus en 4e division. Quand tu joues avec des jeunes qui, pour certains, ne s’arrachent pas sur un terrain, ça n’est pas normal. Tu sais, on n’a jamais pris de rame à part lors de la première rencontre perdue 6-1. Non, mais dès qu’on en prenait un, ça tirait la tronche et on déposait quasiment les armes.
M.R. : Ton nouveau coach n’a pas peur que tu sois en fait un bon vieux chat noir ?
M.G. : Je ne pense pas non…Après, je n’en sais rien espèce de (insulte masquée pour les plus jeunes de nos lecteurs). J’avais beau être capitaine, une équipe, ça reste un ensemble et quand on sombre,
on sombre ensemble.
M.R. : On en revient à ici et maintenant. Comme moi, t’es en pleine préparation. Ton corps,
au moment même où on se parle, tu le vois plutôt façon Docteur Maboul ou Cristiano Ronaldo ?
M.G. : Hum, je t’avouerai que j’ai quelques douleurs et autres courbatures. Je crois qu’hier, j’ai poussé un peu trop loin.
M.R. : Je te coupe juste pour te dire que l’un de tes collègues nous a vendu du rêve la semaine passée. Il a gratifié les joueurs et le public d’un dégobillage on ne peut plus charmant, les deux mains scotchées à la rambarde. Tu vois, c’est aussi pour ça qu’on l’aime, le District.
M.G. : Je m’en rappelle. C’était Pierre…
M.R. : Pierre, si tu nous lis…Revenons à la prépa’ comme on dit. T’as commencé quand ?
M.G. : Il y a une quinzaine de jours. Je pense que c’est comme chez vous, on ne fait quasiment que du physique avec un peu de ballons quand même. Curieusement, je n’ai pas trop de problèmes côté mollets ou cuisses. C’est plutôt au niveau du torse mais ça, ça vient du gainage.
M.R. : Passons à cet Hellimer – A.S.B.G. C’était ta première mais, avant de parler de la rencontre elle-même, évoquons, si tu le veux bien, ton entrée en jeu et un premier geste qui m’a littéralement fait vibrer.
M.G. : J’ai dû remplacer un coéquipier vers la 25e minute mais je te vois venir (il retourne les saucisses blanches fourrées au fromage, mais l’on sent qu’il planterait bien son ustensile ailleurs que dans les wurst)…
M.R. : Attends, ça arrive à tout le monde de faire un air ball…
M.G. : Hum. J’ai foiré mon premier contrôle…Sur une transversale, j’ai tendu la jambe mais bon,
la balle était plus haute que prévue…Il y avait peut-être un peu trop d’excès de confiance,
mais t’avoueras qu’entrer en jeu comme ça, cela n’est jamais évident. Le temps de se mettre dedans…
M.R. : Donc rien à avoir avec ton âge et les agglos de 30 qui te servent de pieds…
M.G. : Aucun (il s’arrête pour gueuler avec le chien du voisin, une sorte de Dalmatien qui serait né à Cattenom). Donc je disais aucun, car je me suis senti ensuite beaucoup mieux, bien en jambes et en place, dans un positionnement entre latéral droit et stoppeur. Après, je ne connaissais pas trop le système de jeu et il m’a fallu un temps d’adaptation.
M.R. : Parlons de nous. Tu sais qu’on avait des absents, mais cela ne minore pas pour autant la victoire de tes coéquipiers. Par contre, t’en as pensé quoi de tes adversaires ?
M.G. : J’ai trouvé que vous étiez bien en place en début de rencontre et vous nous avez mis en danger à plusieurs reprises. Après, Hellimer s’est bien renforcé à l’intersaison avec des joueurs qui ont évolué à des niveaux encore supérieurs à la 1ère div’. Je pense que ça a fait en partie la différence.
M.R. : Sans même évoquer l’arrière garde qui a fait le travail, j’ai été surtout séduit par le potentiel offensif de ton équipe, notamment dans sa capacité à se projeter vite et bien vers l’avant.
M.G. : C’est clair que c’est costaud. Je sens que les quelques recrues s’intègrent bien aux joueurs déjà en place, ceux-là qui ont fait monter le club en 1ère division. L’osmose semble se faire naturellement puisque les recrues avaient toutes des connaissances ici. Du coup, ça aide à l’acclimatation.
M.R. : Avant de jouer contre nous, ton coach a dit quelque chose de particulier ?
M.G. : Il a surtout insisté sur les notions de discipline et de rigueur, le fait de ne pas s’enflammer,
de rester bien en place, de rentrer tout de suite dans le match.
M.R. : Le score à la pause n’étant « que » de 2-0 pour les Rouges, il a néanmoins dû être satisfait…
M.G. : Bien-sûr mais, pour autant, il nous a quand même dit de ne pas nous relâcher en simplifiant un peu notre jeu.
M.R. : Comme la seconde période fut plus probante encore, on va plutôt s’attarder ce qu’il aurait pu te dire ou te faire. Une tape dans le dos ? Une accolade virile ? Une bise pop ?
M.G. : Non, même pas. Il s’est adressé à tous les joueurs mais je ne connais pas son ressenti individuellement.
M.R. : Côté ambiance sur le terrain, rien de particulier à signaler à part peut-être à un moment. En tout cas, aucun jet de grenade, aucun besoin de faire le 17…tu confirmes ?
M.G. : Oui, ce fut très correct. Il y a juste eu une petite friction quand t’étais sous la douche, mais rien de bien grave. C’était sur le coup. Peut-être un peu de frustration, mais rien de bien méchant.
M.R. : Ce qui me fait suer, c’était qu’étant donné que les plupart de tes collègues en B étaient à Mykonos, j’ai dû me taper la défense d’Insming. Moi qui me voyais déjà te mettre la misère…Au fait, t’as vu ma réalisation digne du grand-père à Pipo Inzaghi ?
M.G. : Même pas. On était en train de s’échauffer. Dommage, j’aurais bien voulu le voir. Je me dis que ça a dû être moche. Dommage que l’on n’ait pas de replay.
M.R. : Et sinon, tu me rejoins quand en vétérans ?
M.G. : Attends, je n’y suis pas encore, il me reste un peu de jambes. On va voir pour combien de temps ça va durer…
By Maître Renard